Il y a quatre ans, le jeune éthologue Ehud Fonio accomplissait le rêve de tout chercheur israélien : décrocher un poste au prestigieux Institut Weizmann. Il déménageait donc à Rehovot. La suite, c’est son chef, Ofer Feinerman, qui la raconte : « Le matin, quand Udi a voulu nourrir ses chats dehors, il a vu les croquettes bouger toutes seules. Il a regardé de plus près et a découvert des fourmis. La maison était installée sur un immense nid et ce qu’il observait était du transport coopératif. Il a filmé la scène et me l’a montrée. C’était son deuxième jour au labo. Il m’a demandé si ça m’intéressait. Heureusement que j’ai répondu oui. »
Après plusieurs années de travail et avec l’appui de leur collègue informaticien du CNRS Amos Korman(université Paris-Diderot), l’équipe vient de percer le secret qui se cache derrière le mouvement apparemment erratique des Paratrechina longicornis, aussi surnommées « fourmis folles ». Dans la revue eLife, ils viennent de mettre en évidence un nouveau mode collectif d’orientation qui permet au groupe de rapporter au nid des charges gigantesques. Mieux : ils ont établi que celui-ci était basé sur la coordination, la coopération et… le hasard. « Un comportement qui peut paraître incohérent mais qui se révèle d’une grande efficacité et d’une étonnante souplesse », souligne Amos Korman, informaticien spécialisé dans les systèmes complexes.
Comme souvent chez les animaux, tout est une histoire de nourriture. Chez les fourmis, on appelle ça le fourragement. Le groupe envoie ses éclaireuses…